18-22 Août 2016,
(Tio’tia:ke a.k.a Montreal), territoire non cédé Kanien’keha:ka* (Mohawk)
@ Studio XX, 4001 rue Berri
Appel à participation et à projets
La 3ième édition du THF! se tiendra sur les territoires Kanien’keha:ka (Mohawk) (Tio’tia:ke a.k.a l’île de Montreal) du 18 au 22 Août 2016 et plus exactement au Studio XX, centre d’art technologique féministe situé au 4001 rue Berri.
Les deux précédentes THF! ont eu lieu dans la colonie éco-industrielle post-capitaliste appelée Calafou (en Catalogne) en 2014 et à Puebla, au Mexique en 2015. Les intentions historiques derrière le THF! sont multiples. L’événement vise à remédier au manque de diversité, de femmes et de personnes queer et trans dans les domaines technologiques en général, et plus spécifiquement dans celui du hacking. Plus encore, THF! vise à créer une communauté qui évalue de manière critique les récits hégémoniques occidentaux autour des technologies et de la modernité, et des inflexions capitalistes qui lui sont inhérentes.
Le THF! 2016 s’appuiera de la méthodologie Forum ouvert**, une méthode de travail qui permet d’organiser collectivement notre agenda quotidien. A ceci près que l’organisation va aussi commencer en amont et en ligne. Aussi nous vous encourageons à envoyer dès maintenant vos propositions de conférences, d’ateliers et d’activités, ainsi que vos besoins (matériel, espace, etc.). Le THF! est guidé par un accord collectif et suit les principes du “HackingWithCare” et du “chill” hacking, qui vise à prendre soin de nous et de nos besoins individuels et collectifs. Notre vision du hacking implique une compréhension des théories qui n’est pas subordonnée aux exigences pratiques des protocoles informatiques. Dans notre pratique et notre cadre conceptuel, nous embrassons entre autre l’ambiguïté, la malléabilité, le désordre et l’inconnu.e.
Cette année, le THF! se concentrera sur quatre thèmes principaux, à savoir: la décolonisation des technologies, l’autonomie des infrastructures, les pédagogies queers et féministes, et le Hacking sensible.
Décolonisation des technologies
Pour le THF! 2016, nous prenons comme point de départ l’hypothèse que le colonialisme s’est intégré aux pratiques et imaginaires numérique et technologiques. Jodi Dean appelle une partie de ce processus le «capitalisme communicationel”. Ulises Mejias nous avertit que si le réseau élargit la participation publique, il exacerbe aussi les disparités et renforce l’exclusion plutôt que l’inclusion. Nicole Starosielski (2015) quant à elle, parle des relations coloniales inhérentes et continues contenues dans les câbles de communication sous-marins. Les travaux de Park et de Starosielski dans Signal Traffic (2015) nous rappelle les fondations coloniales de la matérialité des technologies.
Comment peut-on imaginer la décolonisation des technologies et du cyberespace? Quelles sont les pratiques actuelles et désirées d’engagement et de décolonisation de nos épistémologies, nos processus et nos techniques ? Comment le féminisme anti-coloniale, post-coloniale, et / ou autochtone peut inspirer notre réflexion collective autour de ces questions? D’un point de vue méthodologique, la fiction spéculative radicale ou les récits à la Octavia’s Brood (2015) peuvent-elle nous aider à produire des imaginaires techniques décoloniales? Dans cette perspective, nous allons explorer les subtilités des technologies coloniales tout en cherchant à nourrir et recevoir des postures et pratiques décoloniales.
Autonomie des infrastructures
Nous reconnaissons qu’aucune infrastructure technique ne peut être totalement autonome. Elle dépend par exemple des réseaux de communication et des technologies déjà existantes conçues par des entreprises dominantes (comme les ordinateurs, les serveurs, les câbles sous-marins, et les dispositifs d’accès). Que signifie pour nous de concevoir et d’utiliser des infrastructures autonomes? Ces infrastructures peuvent être diverses dans leur portée et dans leurs formes, mais elles ont en commmun de souhaiter une autonomie en termes de modèles de gouvernance, de valeurs et de principes. Quelles sont ces valeurs autonomisantes ? Comment pouvons-nous leur donner sens et les mettre en pratique? Nous aimerions ainsi explorer le concept même d’infrastructures autonomes et leur mise en pratique. Quelles sont les infrastructures autonomes? Y a-t-il des différences entre le «Nord Global» et le «Sud Global» dans la compréhension de ces infrastructures autonomes? Est-ce que le hacking des systèmes et des réseaux de communication est une forme d’autonomisation des infrastructures ?
Pédagogies queer, féministes et anti-racistes
Quelles sont les pédagogies queers, féministes et anti-racistes qui traversent nos pratiques? Comment, à leur tour, ces pédagogies vont-elles nourrir et façonner notre mouvement hacker queer, féministe et anti-oppressif? Quelles sont les relations entre les pédagogies queers, féministes et anti-racistes et les technologies que nous cherchons à utiliser et à créer ? Qu’est ce qui différencie la pédagogie que nous embrassons des pédagogies d’autres cultures hacker? Quelle est l’importance de la mobilisation de ces pédagogies dans notre travail? Ces réflexions visent à questionner, approfondir et mettre en commun ces pédagogies. Notre désir ultime pour ce volet est de commencer la co-production d’un manuel sur ce que nous entendons par pédagogies queers, féministes et anti-racistes. Ce manuel sera une ressource inestimable pour notre travail (pour des ateliers de FemCrypt, pour les espaces techno féministes). Ce sera l’occasion d’articuler clairement les pédagogies qui soutiennent notre travail pour nous aider à faire le point sur où nous en sommes, qui nous sommes et où nous voulons aller.
Hacking with Care
La question du care (du soin et du bien-être, personnel et collectif) est essentielle et inhérente au hacking queer, féministe et anti-raciste. Le concept de hacking with care est comprise comme une pratique qui met en avant l’art du bien-être grâce à des moyens profonds et puissants pour encourager, refléter et soutenir la connexion avec soi-même, l’autre, qui s’incarne dans un réseau de confiance. Avec Hacking with Care, nous souhaitons contribuer à la résistance et à la prospérité d’un réseau étendu de défenseurs du care: les hacktivistes, les avocats, les journalistes, les artistes, les dénonciateurs, et bien d’autres, avec ou sans « nom » ou « profession », lointaine.e.s et proches, libres et emprisonné.e.s, en considérant chacunes et chacuns d’entre nous comme un maillon dans ce réseau de soutien humain. Nous aimerions ainsi inclure des activités de réincorporations et de conscientisation, comme des espaces de repos, des explorations en nature, des ateliers de massage et des cryptodances.
Envoyez vos propositions
Nous vous invitons à proposer des ateliers, des conférences, des spectacles, des projections, des concerts ou toute autre activité que vous souhaitez ajouter au programme. Si cela vous est possible, merci de nous envoyer la présentation de votre activité ainsi que vos besoins (matériel, espace, etc.) avant le 30 Juin, 2016 à femhack@lists.riseup.net.
Notez que vous serez en mesure d’envoyer des propositions après la date limite et / ou de modifier votre présentation à tout moment. La date limite est fixée à des fins d’organisation de la planification.
Pour plus d’informations sur le THF! vous pouvez visiter le site: https://transhackfeminist.noblogs.org/
Pour aider avec l’organisation du THF! : https://pad.riseup.net/p/THF2016_organisation
et pour plus d’informations sur Femhack: https://femhack.noblogs.org/